Dès qu’on prononce le mot « écoféminisme », un paquet de clichés se tient prêt à surgir, comme s’il attendait au garde-à-vous. Essentialisme ? Spirituel ou politique ? Et les sorcières ? Vous pratiquez la magie ? Et les rituels ? La confusion est d’autant plus compréhensible que, ces derniers temps, on assiste à une recrudescence des thèmes ésotériques dans les revues et événements adressés aux femmes : numéro spécial « Divinatoire » de la revue Elle, hors-série de Yoga Magazine sur le « Féminin sacré », Festivals du Féminin avec plus d’ateliers à tendance mystique que politique, stages non mixtes pour « éveiller son intuition » et « se reconnecter à sa nature profonde » par la méditation, l’astrologie ou le tarot… Pourtant, même sur Instagram, baromètre sans discernement des tendances actuelles, le hashtag #ecofeminisme renvoie finalement assez peu à ces clichés à la fois intrigants et suspects. On y trouve surtout des conseils de lecture, des chiffres sur les injustices environnementales, des évocations de luttes passées et présentes... En tout cas, les incompréhensions fleurissent. Comme me l’explique Claudia*, une danseuse écoféministe d’origine italienne : au pays de la laïcité que se targue d’être la France, il vaut mieux rester discrète sur l’articulation entre son engagement politique et ses pratiques spirituelles. Lorsqu’elle anime des cours dans des...