Aujourd’hui, et bien que la question ait tardé à émerger dans le débat public en France, la nécessité de mener des politiques publiques d’adaptation face au changement climatique semble faire consensus. « L’adaptation, ce n’est pas une option », déclare ainsi Bruno Le Maire, le 8 février 2024 à l’occasion de la présentation à la presse d’un plan de 2 milliards d’euros de prêts verts garantis par l’État, à destination des entreprises désireuses d’accélérer leur transition énergétique.
Article issu de notre numéro 63 « +4°, ça va chauffer ! », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
L’adaptation se retrouve aujourd’hui dans la bouche de technocrates et de ministres néolibéraux, autant que chez les associations de défense du climat et les ONG. Un apparent consensus qui tend néanmoins à occulter les controverses autour d’une notion qui fait partie intégrante de la grammaire néolibérale, tout en étant au cœur des productions scientifiques liées à la question du climat. En creux, le sujet de l’adaptation est également révélateur d’un choix politique : celui de privilégier le fait d’apprendre à vivre avec les conséquences des changements climatiques, plutôt que de chercher à en limiter les causes.
Gouvernance néolibérale
Dans l’essai Il faut s’adapter (Gallimard, 2019), la philosophe Barbara Stiegler souligne que l’injonction à l’adaptation est constitutive du dogme...