« Je crois à une politique de la beauté / elle serait devant les êtres et les choses / non pas seulement le mot juste / mais son frisson de feuillage sous l’averse » Laissons les premiers – et même bientôt les derniers – mots au poète, ce sera plus simple pour commencer : car, de nos jours, il faut beaucoup aimer les oxymores pour oser rêver d’une politique de la beauté, a fortiori d’un droit à la beauté. On entend de loin s’esclaffer les âmes grises et les désabusés de l’émerveillement. La politique serait chose bien trop sérieuse pour la laisser aux artistes ; la poésie ne concernerait que les adolescents boutonneux et les professeurs de lettres. Quant à la beauté, qu’on la laisse aux musées, aux touristes, aux désœuvrés du dimanche et aux dandys esthètes. Voici ce que nous chuchote la doxa de l’époque, sourire ironique en coin et mépris en bandoulière.
Article issu de notre hors-série « Comment nous pourrions vivre », avec en rédactrice en chef invitée Corinne Morel Darleux. Disponible sur notre boutique.
N’est-ce pas aller un peu vite en besogne ? Ne serait-on pas là devant l’un des pires malentendus de l’époque, d’autant plus pernicieux qu’il serait à la fois inconscient et involontaire ? Bien sûr, on ne reprochera jamais au poète de traîner ses ailes d’albatros dans les travées des salons du livre, au danseur de ranger ses chaussons de funambule, au peintre de quémander une...