Du côté de l’écologie « conséquente », la nécessité de « renoncer » à certains éléments de notre mode de vie paraît évidente. Mais n’est-ce pas un peu trop incantatoire, voire naïf ?
Implicitement, tout un pan de l’écologie est effectivement « inconséquent » et n’aborde pas ouvertement ces questions-là. De l’autre côté, tout un pan les aborde, mais très en aval, du côté des usages : arrêter de prendre l’avion, de manger de la viande rouge, etc. Or, il faudrait aborder le renoncement comme un point de départ, en amont, pour en faire un programme : planifier, anticiper, décider démocratiquement… Car nous ne sommes pas collectivement d’accord sur ce à quoi il faudra renoncer, y compris parmi les gens qui pensent que des arbitrages sont absolument nécessaires.
Retrouvez cet entretien dans notre numéro 50 « À quoi devons-nous renoncer ? », disponible sur notre site.
L’idée selon laquelle il sera possible de limiter les renoncements en vertu de découplages ou de compensations est erronée. De nombreux arbitrages sont déjà opérés aujourd’hui, sauf qu’ils ne sont ni « publicisés », ni anticipés, ni démocratiques – et ils s’avèrent souvent brutaux. Il est impératif de politiser cette question et de la poser en termes de justice sociale pour ne surtout pas l’abandonner à des appareils autoritaires.
Renoncer pose également des enjeux techniques, mobilise des savoirs. Typiquement, on ne...