Depuis le début de votre carrière, vous vous efforcez d’explorer les recoins ignorés du système capitaliste, en affichant votre réserve face aux théories qui l’appréhendent comme un bloc unifié et homogène, absorbant tout sur son passage. Qu’est-ce qui vous dérange dans ces analyses ?
Commençons par préciser ce que je ne dis pas, c’est-à-dire que le capitalisme serait quelque chose de petit ou de facile à endiguer. Il ne fait aucun doute que c’est un système très puissant que nous ne pouvons pas ignorer. Cependant, je pense que comme toute organisation sociale, le capitalisme se construit à partir d’une multiplicité d’agencements entre divers processus qui se trouvent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de lui. Et qu’il ne constitue pas un système isolé qui surplomberait les autres.
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Un exemple très simple que je donne souvent est celui du lait. Tous les mammifères peuvent produire du lait, mais seules les vaches peuvent produire du lait de vache. Elles le font grâce à leur métabolisme spécifique qui dispose d’un système reproductif et dont la fabrication du lait fait partie intégrante. À l’inverse, aucun capitaliste n’est capable de fabriquer du lait de vache. La seule chose qu’il peut faire, c’est de changer le régime de la vache pour qu’elle produise...