Depuis fort longtemps, la classe populaire paysanne se renvoie une image dégradée d’elle-même. Nous entendons ici paysanne au sens le plus strict : des communautés de travail produisant avant tout pour leur propre subsistance, ne mettant sur le marché qu’une petite partie de leur production. Dans ce sens, on peut considérer qu’elle a quasiment disparu de nos jours. Depuis les prémices de ce qu’il est convenu de nommer « révolution industrielle », il y a plus de deux siècles, le capitalisme conquérant ne s’est pas contenté d’asservir les corps en provoquant un violent exode rural, à grand renfort d’expropriations et de suppression des communs, ces ressources partagées de l’entraide communautaire ; il lui a fallu aussi soumettre les esprits et établir son hégémonie culturelle.
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La bourgeoisie s’est attelée à de féroces batailles, forgeant l’unité nationale autour de ses valeurs propres, très minoritaires au départ. Un volet connu de cette bataille est celui de la langue, charriant avec elle toute une série d’impositions normatives. Un aspect documenté depuis peu de l’autoproclamée Modernité est le soin avec lequel est remanié l’ensemble des valeurs communément admises comme références et qui font sentir notre appartenance ou non à une société. L’ensemble de ce qui, mis en œuvre pour faire face aux...