Il faut commencer par longer les immeubles pâles et les maisons néoclassiques couverts de tags anticapitalistes et anarchistes du quartier d’Exárcheia, à Athènes. Puis s’aventurer sur le long escalier orné d’une étoile rouge pour arriver sur des sentiers qui serpentent entre les nombreux cyprès, pins, cactus. La colline Stréfi s’élève ici, rare espace vert dominant ce quartier réputé d’extrême gauche de la capitale grecque. Depuis les roches qui dessinent son sommet, la vue plonge sur la capitale blanche sans arbres qui s’étire jusqu’à la mer. Ce jour d’avril, un couple s’embrasse, quelques jeunes dansent, un homme s’endort sur un muret, loin du bourdonnement des moteurs. Mais à deux pas, des policiers anti-émeutes, bouclier à leurs pieds, viennent assombrir cette atmosphère insouciante. Cent cinquante agents rendus nerveux par les cafés froids qu’ils ingurgitent en rafale se relaient chaque jour à Stréfi.
Reportage à retrouver dans notre numéro 58 « L'empire logistique », en kiosque, librairie, et sur notre boutique.
Cette présence policière a été mise en place en octobre 2022 sur décision de la mairie d’Athènes, aux mains du parti de droite Nouvelle Démocratie. Elle répond à la fronde des habitants provoquée par le réaménagement de ce parc public. La municipalité, dirigée par Kóstas Bakoyánnis, le neveu du Premier ministre Kyriákos Mitsotákis, veut métamorphoser Stréfi pour, dit-elle,...