«Vivre sans temps morts », réclamait un joyeux slogan de Mai-68. Il semble que nous y sommes. Nous ne rêvassons plus dans les transports ou dans les files d’attente. Avec la généralisation de l’usage du smartphone, la part de personnes naviguant sur Internet au moindre flottement a fait un bond de 40 points en 10 ans pour atteindre 70 %, selon le Baromètre du numérique1. La moitié des répondants déclarent regarder des vidéos ou jouer à des jeux vidéo dans les moments d’attente, tandis que la lecture sur papier, la conversation ou l’observation décroissent. Selon une autre étude menée auprès de 21 000 personnes2, un tiers des répondants utilisent leur smartphone à table et même aux toilettes. Et il est désormais possible d’acheter des housses imperméables pour continuer à regarder un épisode de série sous la douche.
Article issu de notre numéro 64 « Peut-on échapper à l'emprise numérique ? ». En kiosque, librairie et sur notre boutique.
Fatigue informationnelle, « binge watching », « doom scrolling »3… Les réseaux sociaux, les applis, les jeux et les séries dévorent notre temps de cerveau disponible. À tel point que la frénésie de connexion est devenue une source de malaise : 4 personnes sur 10 jugent, d’après l’étude déjà citée, qu’elles y passent trop de temps (57 % chez les adultes de moins de 40 ans). Et 39 % essayent sans succès de s’en détacher. Le « seuil de...