Le rutilant brise-glace Garinko amorce sa rotation dans le port de Monbetsu, situé sur la côte nord-est de l’île d’Hokkaido, au Japon. Début février, ce jour-là, le thermomètre indique -12 °C. Le vent souffle et il fait si froid que s’aventurer sur le ponton du navire est déjà une épreuve. Le froid mord et paralyse, se frayant un chemin dans les imperméables. La glace craque et, soudainement libéré, le brise-glace finit par reprendre sa lente progression. L’étrave du bateau ouvre la voie vers le large. Une fois le Garinko sorti du port, la pleine mer fait brièvement son apparition, pour disparaître à nouveau, au bout d’une dizaine de minutes de navigation. Le spectacle offert par cet épais manteau blanc est stupéfiant. La plaque de glace dérivante semble infinie : le bateau a beau avancer, elle est toujours là, imperturbable et pure, laissant la centaine de touristes japonais à bord du navire muette d’admiration.
Le lieu ne suscite pas seulement l’intérêt pour les panoramas d’outre-monde qu’il recèle. La mer d’Okhotsk longe la côte Est de la Russie et la péninsule de Kamtchatka puis celles des îles de Sakhaline (Russie) et Hokkaido (Japon), ainsi que les Kouriles. Du fait de la proximité de ces terres, elle est particulièrement froide puisque les courants plus chauds de la mer du Japon et de l’océan Pacifique ne parviennent pas à remonter jusqu’à elle. En hiver, la navigation y est très difficile, voire...