L’équipe de France et la nuit de Séville
Durant sa carrière, Michel Platini a remporté l’Euro 1984, gagné la Coupe d’Europe des clubs champions, été élu trois fois Ballon d’or. Dans son armoire aux trophées bien garnie, nulle trace pourtant du « plus beau moment de sa carrière » : l’élimination des Bleus par l’Allemagne de l’Ouest en demi-finale de la Coupe du monde 1982. Dénomination sans doute trop formelle pour un événement devenu mythique, la « nuit de Séville ». Toutes les hyperboles ont été convoquées depuis quarante ans pour évoquer cette rencontre du 8 juillet 1982. Par exemple, il y a ce mot de « nuit », abusif pour un match entamé à 21 heures. Sans doute parce qu’il est dur de croire que trois heures à peine puissent procurer tant d’émotions différentes.
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À la 56e minute, il y a la colère, l’injustice : Patrick Battiston est percuté à la tête par le gardien allemand Harald Schumacher, sorti loin de ses cages. Le Stéphanois est à terre, évacué sur une civière. L’arbitre ne sort pas de carton, ne siffle pas la moindre faute. Il y a ensuite la joie et l’espoir : en prolongation, Marius Trésor puis Alain Giresse donnent un avantage de deux buts à la France avec vingt minutes à jouer. Suivent la peur et l’effarement : les Allemands...