«On ne peut poursuivre un développement infini dans un monde fini. » La formule est familière des cercles écologistes et décroissantistes, mais qui connaît son véritable auteur ? Bernard Charbonneau l’employait dès 1944 selon son ami le penseur libertaire Jacques Ellul.
En raison de sa proximité intellectuelle et géographique avec ce dernier, on a eu tendance à les confondre dans une même « école de Bordeaux », au point de faire perdre de vue l’originalité de son œuvre. Charbonneau reprend cette maxime à partir du début des années 1970 dans ses différentes chroniques pour Foi & Vie, La Gueule ouverte et Combat nature.
Article à retrouver dans notre hors-série « Décroissance : Réinventer l'abondance », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
En 1935, son texte Directives pour un manifeste personnaliste fait de lui le premier objecteur de croissance du XXe siècle en Occident. Pas moins ! Ce manifeste de jeunesse – coécrit avec Ellul, à respectivement 25 et 23 ans – réclamait une limitation volontaire de la croissance pour fonder une « cité ascétique » et « équilibrée aux plans matériel et spirituel ».
Le protestant Ellul et l’agnostique Charbonneau adhèrent aux deux organes qui composent alors le mouvement personnaliste1 – Esprit et Ordre nouveau – et partagent la même conception de la « personne ». Celle-ci est aussi différente de l’individu des libéraux que du...