Les populations de vertébrés sauvages en déclin de 68 % depuis 1970, 80 % d’insectes en moins en Europe en l’espace de 30 ans, 38 500 espèces menacées de disparition, 477 espèces éteintes depuis 1900... Depuis quelques années, les chiffres chocs et les rapports paniqués s’accumulent pour documenter l’érosion de la biodiversité. Au point que certains naturalistes et écologues parlent désormais d’une « sixième extinction de masse ». Mais dès qu’il est question de « mesurer » la biodiversité et ses multiples facettes (voir schéma ci-dessous), les données et les connaissances disponibles sont nécessairement limitées.
D’abord, parce que nous ne sommes en contact qu’avec une infime partie du monde vivant – à peine avons-nous répertorié, au mieux, un quart des espèces sur Terre, soit environ 2 millions. Ensuite, parce que les multiples relations entre les espèces et leur écosystème demeurent, aujourd’hui encore, mal comprises. Estimer l’hécatombe en cours se révèle alors un exercice aussi frustrant qu’incertain. En revanche, en identifier les causes est, d’un point de vue scientifique, beaucoup moins périlleux : destruction des habitats, surexploitation, introductions d’espèces invasives, pollutions… Encore et toujours, c’est bien la société industrielle qu’il faut incriminer.
Espèce ou population ?
La confusion est souvent faite entre ces deux termes, mobilisés à tort et à travers dès qu’il est question d’érosion de la biodiversité. « Espèce » désigne un ensemble d’individus interféconds et partageant une communauté d’ascendance – par exemple « les loups » dans le monde. « Population » renvoie, quant à lui, à un ensemble d’individus de la même espèce cohabitant dans un espace déterminé : « les loups européens ». Lorsque l’on parle d'une baisse de « 68 % des populations de vertébrés sauvages », cela signifie qu'au sein de la communauté d'espèces « vertébrés sauvages », les effectifs ont chuté en moyenne de 68 % ; et non que plus des 2/3 des espèces autrefois présentes sur la surface du globe en ont été éradiquées.
Les diversités biologiques
Cette figure est une représentation de la diversité issue de l’ouvrage de Vincent Devictor Nature en crise. Penser la biodiversité(Seuil, 2015). Les différents types de diversité biologique sont décrits comme les faces d’un volume en mouvement ; chacune correspond à des métriques observées qui ne disent pas grand-chose si elles sont prises isolément. Ce sont les communications entre ces différents niveaux qui, en revanche, peuvent donner une idée des nombreuses dynamiques en action au sein d’un écosystème.
Vocabulaire :
Diversité génétique : variété des différents types de gènes au sein d’une même espèce.
Diversité évolutive : sur l’arbre phylogénétique du vivant, différents embranchements apparaissent au cours du temps ; l’extinction d’une espèce qui s’est séparée des autres il y a plusieurs dizaines de millions d’années sera ainsi plus grave que celle d’un espèce apparue plus récemment et dont l’évolution est moindre.
Diversité locale : variété du nombre d’espèces présentes dans un habitat ciblé.
Diversité régionale : addition du nombre d’espèces dans plusieurs habitats ciblés, formant une région.
Diversité fonctionnelle : indicateur permettant d’identifier des groupes fonctionnels qui remplissent un ou plusieurs rôles au sein d’un écosystème (par exemple, les pollinisateurs) et d’évaluer les interdépendances qui s’y jouent.
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