Quel est le point commun entre un trader de Chicago, une cultivatrice de la Beauce, un docker du port d’Odessa et une famille nigériane ? Réponse : le blé, qui représente l’aliment de base de 35 % de la population mondiale ; le riz vient ensuite, tandis que le maïs nourrit surtout les animaux. Originaire du Moyen-Orient, blond, rouge ou noir selon les terroirs, le grain riche en gluten est aussi un agent d’influence, tant au service des Occidentaux que d’un certain Vladimir Poutine.
Une poignée d’exportateurs, un monde de consommateurs
Commençons par la base : pour faire pousser du blé, il faut un climat océanique ou tempéré. Trop d’humidité ou de sécheresse, pas assez de froid, et c’est la ruine pour les moissons. « La base de la géopolitique du blé repose sur le fait qu’il y a peu de pays producteurs, encore moins de pays exportateurs, et énormément de pays consommateurs, expose Jérémy Denieulle, doctorant en géopolitique, spécialisé dans les céréales. Or dans certains pays, comme l’Égypte, le pain peu cher représente la garantie de la paix sociale. C’est absolument central. »
Article issu de notre n°67 « Résistances rurales », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.
Sur le planisphère, la céréale occupe 17 % des terres cultivées de la planète, et se concentre principalement sur deux « bandes » qui nourrissent l’ensemble de la Terre. Celle de l’hémisphère nord inclut les...