Dans votre livre, vous tordez le cou à deux idées reçues : le retour à la campagne n’est pas nouveau et il n’est pas certain que cette tendance soit accentuée par la crise sanitaire que nous traversons.
Je pense qu’il faut faire attention à tout ce qui relève de l’image d’Épinal de la vie à la campagne. Lors du premier confinement, on a surtout entendu le point de vue de familles qui étaient allées se confiner à Aix-en-Provence, sur l’île de Ré ou dans le Perche… Bref, dans la France des résidences secondaires. Ce point de vue est plutôt celui des CSP+ et des intellectuels qui avaient la chance de pouvoir se confiner hors des grandes métropoles, mais ce n’est qu’une partie de la réalité de la vie « en province », comme disent les Parisiens. La France des résidences secondaires, ce n’est pas la France périphérique telle que la connaissent ceux qui y vivent au quotidien. Dans la Creuse, les Vosges, l’Ain ou l’Allier, on habite ces territoires 365 jours par an ; on n’y vit pas seulement au printemps ou en été.
Dire cela, ce n’est évidemment pas critiquer les urbains qui ont pu vivre le premier confinement dans leur résidence secondaire. J’insiste là-dessus parce que souvent, quand on écrit sur la France des territoires, on a tendance à cliver, à approfondir les fractures entre Paris et la province qu’il faudrait au contraire chercher à réparer. Il est...