Hors-série L'écologie ou la mort

Catherine Larrère : « L'écologie ne peut se contenter d'être scientifique »

Dorian Prost

Philosophe spécialisée dans les questions liées à l’écologie, Catherine Larrère revient sur l’histoire de cette discipline, qui a progressivement débordé du champ de la science pour rejoindre celui de la politique, avec ses clivages et ses spécificités culturelles.

Quand le mot « écologie » apparaît-il ?

C’est initialement une discipline scientifique qui, comme toute discipline, se développe avec des controverses et des changements de paradigme. Le mot est inventé par le biologiste allemand Ernst Haeckel en 1866 pour désigner la science des relations entre les êtres vivants et leur milieu, puis se développe sous des formes diverses au cours du siècle. Le début du XXe siècle est marqué, avec Frederic Clements, par l’émergence d’une écologie organique qui assimile la communauté formée par les êtres vivants dans leur milieu de vie à un superorganisme, qui naît, se développe et atteint sa maturité au stade du « climax ». En 1935, le Britannique Arthur G. Tansley introduit la notion d’écosystème, le terme de système étant emprunté aux théories physiques. Pour caractériser ce qui se forme dans les interactions entre vivants et non-vivants Tansley élabore un modèle physique qui permet d’intégrer plantes, animaux (la « biocénose ») et facteurs du milieu (le « biotope ») en une unité fonctionnelle. Cette idée que le climax est un équilibre qui résulte des échanges d’énergie entre les composantes du système va, avec la parution en 1953 des Fundamentals of Ecology des frères Odum, dominer le champ scientifique jusqu’à la fin des années 1970. Dans les années 1980, se développe une écologie qui accorde plus d’importance aux perturbations et s’inscrit dans la longue histoire de l’évolution du vivant. Elle intègre mieux les actions humaines que l’écologie écosystémique qui tendait à n’y voir que des perturbations nocives.

Le mot est finalement sorti du périmètre scientifique... jusqu’à parler d’« écologie politique ». À quel moment cela intervient-il ?

On s’accorde à voir l’expression « écologie politique » apparaître chez Bertrand de Jouvenel en 1957 : en lien avec l’économie politique (c’est la même racine grecque, oïkos), l’écologie politique viendrait compléter une économie réductionniste, limitée aux seules données quantifiées. Mais l’usage de l’expression se répand dès lors que l’environnement devient un souci mondial, politique, social, avec la mise en place de programmes internationaux (initiés par l’ONU) et de ministères de l’Environnement ou de l’Écologie dans de nombreux pays, en même temps que se développent associations et partis : tous font largement appel aux travaux scientifiques. Qu’il s’agisse du Giec pour le changement climatique ou de l’IPBES pour la biodiversité, les institutions internationales s’appuient sur les travaux scientifiques de tous ordres, pas seulement ceux d’écologues (ils sont peu nombreux au Giec). Et les scientifiques se font lanceurs d’alerte. En 1971, alors que l’ONU met en place son programme pour l’environnement, elle réunit des scientifiques qui lancent l’appel de Menton (où ils se sont retrouvés), « Message à 3 milliards et demi de Terriens », publié dans de nombreuses langues dans le journal de l’Unesco. Ce premier appel sera suivi de beaucoup d’autres auxquels il sert de modèle : un appel global qui dit le danger, qui affirme la possibilité d’y échapper, du moins d’éviter le pire, sur la base d’une unité faisant taire les différences pour faire droit aux intérêts communs de l’humanité.

Vous remarquez qu’il y a eu un tournant « mécaniste » dans la discipline écologique, qui semble d’ailleurscontinuer de dominer les imaginaires jusqu’à maintenant. Le moment-clef a-t-il été la publication du rapport Meadows commandé par le Club de Rome ?

C’est différent. Le Club de Rome est avant tout un club de technocrates au croisement du privé et du public, qui décide face aux premières alertes de commander un rapport à des chercheurs du Massachusetts Institute of Tech-nology (MIT), dont les époux Meadows, qui ne sont ni des écologues ni des économistes, mais des systématiciens, des ingénieurs spécialistes des systèmes complexes. Ils vont construire un modèle avec cinq variables – la population, la production agricole, la production industrielle, les pollutions et les ressources naturelles – et faire jouer leurs données. Ils montrent alors que si on laisse les choses se développer sans intervenir, on va vers ce qu’ils désignent comme un effondrement – qui n’est évoqué que comme une possibilité. Ces approches se concentrent sur l’épuisement des ressources naturelles et les pollutions mais aussi sur la démographie.

À quand pourrait-on faire remonter la première prise de conscience du grand public vis-à-vis des enjeux écologiques ?

Printemps silencieux, publié en 1962, marque, semble-t-il, le début de la prise de conscience aux États-Unis. Rachel Carson y compile un dossier scientifique particulièrement solide et bien fait sur les effets de l’insecticide DDT, aussi bien sur les humains que sur les non-humains. Les industries chimiques ont bien essayé de démolir son argumentation, mais sans succès. On a donc attaqué Carson sur d’autres plans : le fait qu’elle soit une femme, célibataire et sûrement communiste. Ce livre a eu beaucoup de succès, car ce que révèle Rachel Carson atteint directement chaque Américain, dans une nation encore très rurale, où même les urbains sont proches de la nature. Les conséquences médicales sur les humains ne sont pas les seules à retenir l’attention : lorsque les oiseaux migrateurs ne reviennent plus au printemps, on s’en rend compte et on s’en attriste. Ce livre révèle une crise du monde vécu, il plaide pour la démocratisation de l’information sur les risques encourus par les citoyens, et il n’est en rien communiste – à la différence de celui, publié sous pseudo à la même époque, de Murray Bookchin qui fait le lien avec le système capitaliste, et qui ne rencontre pas le même succès… Côté français, il faut attendre la fin des années 1960 et le début des années 1970 pour voir apparaître les premières grandes associations environnementales comme les Amis de la Terre. Mais c’est vraiment le rapport Meadows qui va déclencher un électrochoc. 

Pourquoi ?

Je crois qu’il a fait peur, avant tout. Les économistes l’ont immédiatement critiqué (selon eux, il ne tenait pas assez compte des innovations technologiques et de leur adoption par le marché), mais il a attiré l’attention de la technocratie internationale et d’associations comme les Amis de la Terre. Quelqu’un comme Al Gore se lance dans les questions écologiques à ce moment-là. 

Vous disiez que l’impact du livre de Rachel Carson s’explique par le fort attachement des Américains à la nature. Lui apporte-t-on une moindre attention en Europe ?

La relation à la nature fait partie de l’identité nationale américaine. Ce peut être la wilderness, la nature sauvage, celle des hotspots de biodiversité à l’image des parc nationaux comme Yosemite. Mais il peut y avoir, même aux États-Unis, une autre vision de la nature : une nature au quotidien qui fait partie du bien-être américain. Je pense qu’il n’y a rien d’équivalent en Europe. D’abord, il n’y a pas une unité du rapport européen à la nature – entre le jardin à l’anglaise, à la française, la forêt allemande... Ce qui est caractéristique, c’est qu’à partir de la modernité, l’Europe se reconnaît dans un projet technique commun.

Finalement, ce qui unifie l’Europe, c’est d’être un espace extrêmement anthropisé depuis deux millénaires et qui, par ailleurs, après la Seconde Guerre mondiale, connaît une reconstruction rapide avec des grands projets urbanistiques, énergétiques... D’où une autre écologie ?

Il y a un article passionnant de Lynn Townsend White Jr., un historien américain des techniques, publié en 1967 dans Science, « Les racines historiques de notre crise écologique ». Il montre que le décollage technique de l’Europe commence au Moyen Âge, et que ceci est dû, non pas à une dextérité supérieure des Européens – au même moment, nous sommes très en retard sur la Chine et le monde arabe –, mais à leur capacité à produire de l’énergie, à la capter. Les pays européens, peu peuplés – par rapport à la Chine par exemple –, ne peuvent pas compter sur de grandes villes et des mobilisations de foules humaines, et la multiplication des moulins à eau et à vent va permettre un décollage technique antérieur à la révolution scientifique dont il est la condition. C’est la puissance énergétique mobilisable qui fait la différence. Sans compter que la pluralité de pays européens en compétition entre eux permettait à des inventeurs ou à des scientifiques d’essuyer un refus et d’aller se faire soutenir ailleurs. En Europe, la question écologique est beaucoup plus une réflexion de la modernité sur elle-même qu’une sorte de fond naturaliste.

C’est pour cela que l’écologie européenne est finalement très axée sur la question sociale ? Prenons André Gorz par exemple...

Ce que Gorz apporte, c’est d’abord la distinction qu’il fait entre « écologie scientifique » et « écologie politique », avec cette idée qu’une écologie politique, ça ne relève pas seulement de questions scientifiques et techniques, mais que ça suppose aussi un projet social, et même un projet de civilisation. Avant même de rencontrer l’écologie dans les années 1970, il développe le projet d’une société orientée vers l’autonomie et la liberté, en critiquant le productivisme marxiste et socialiste sur les bases d’un existentialisme sartrien. L’une de ses idées centrales est que la société doit permettre de dégager du temps, disons du temps de « convivialité », pour reprendre le terme de son ami Ivan Illich. Cependant, il s’oppose aux solutions proposées par Murray Bookchin, que nous avons évoqué plus haut, à savoir un retour à des petites unités productives, à l’échelon local. Il en conteste la prétention à l’autonomie, les jugeant régressives et irréalistes. On ne peut pas, selon lui, se passer d’un secteur hétéronome de productivité technique, mais il est capital de le contrôler et d’élargir les espaces d’autonomie dans la société. C’est le sens qu’il donne finalement à la décroissance, terme qu’il invente : l’articulation entre ce qui relève de la convivialité et ce qui relève d’une productivité qui ne peut être une finalité. Lorsqu’il rencontre l’écologie, il a déjà en tête un modèle de société autonome et il va simplement ajouter : « Et c’est bon pour la nature. » Mais il n’a pas un modèle social qui inclurait de nouveaux rapports à la nature, il continue à avoir une vision très dualiste (entre nature et culture). Et il ne bougera jamais sur cette question, jusqu’à sa mort en 2007, bien que la crise climatique et écologique soit alors bien documentée. 

L’écologie politique a toujours été traversée par des débats et de nombreuses conflictualités : entre ses différentes branches, et aussi entre les courants dits « radicaux » se réclamant de la « vraie » écologie et les autres, environnementalistes et superficiels. Or, aujourd’hui, tout le monde semble en appeler à mettre de côté ces différends, à s’unir. Vous, vous soulignez plutôt la nécessité de ces rapports conflictuels. Pourquoi ?

La phrase canonique depuis l’appel de Menton est en gros : « Oublions nos conflits d’intérêts et pensons aux besoins communs que nous avons. » C’est typique des scientifiques : dans le progrès de la recherche scientifique, il y a certes toujours des controverses, mais on finit par arriver à un accord qui approche le consensus. Ici, donc, nous serions tous des humains, nous aurions tous les mêmes besoins, donc trouvons un accord... Bon. On peut se contenter de citer Rousseau qui nous dit que c’est l’opposition des intérêts particuliers qui a rendu nécessaire l’accord politique, et que si un accord est conclu, ce n’est pas en supprimant les intérêts particuliers mais en trouvant une façon de les intégrer. Ça n’a jamais marché de faire taire nos intérêts. 

Sans vouloir l’associer au scientisme que vous décrivez, le Giec sert-il encore à quelque chose ? Finalement, il ne fait que, rapport après rapport, confirmer ses estimations précédentes avec moins de marge d’erreur...

Si l’on cherche un « effet appel de Menton », alors oui, c’est très usé. Il y a une sorte de ritualisme dans ces appels lancés au niveau global par des scientifiques qui ne servent qu’à nous faire patienter jusqu’au rapport suivant. Cependant, on a besoin de connaissances, ne serait-ce que pour permettre aux juges de se prononcer dans le cadre de contentieux climatiques : pour imputer une responsabilité il faut pouvoir mettre en évidence, dans les phénomènes climatiques ou liés à la biodiversité, un rapport de causalité. Par ailleurs, on a surtout besoin de connaissances moins globales et plus régionales, et de ce point de vue, la création des Giec régionaux est une bonne nouvelle. 

En lisant des tribunes de scientifiques qui dénoncent l’impact des « activités humaines » sur la « planète », martelant la « nécessité d’agir », on a souvent le réflexe de souhaiter les voir se politiser réellement, en nommant par exemple mieux les choses (parler de système productiviste ou capitaliste, rappeler que ce sont surtout les activités des classes moyennes et riches occidentales qui ont un impact, etc.). Mais ce désir est-il bien raisonnable ? Est-ce là leur rôle ?

Si « politiser » signifie : penser que parce qu’ils sont scientifiques, ils ont une vision politique meilleure que d’autres, alors non, ce n’est pas souhaitable. Le risque est bien entendu de voir des scientifiques qui se servent de leurs savoirs pour prétendre à une autorité politique sous couvert d’une « neutralité » de la science, comme si les scientifiques étaient dans un espace hors social fait d’objectivité. C’est la perspective scientiste. Si « politiser » signifie plutôt qu’il faut faire en sorte qu’il y ait une articulation entre le scientifique et le politique, oui, mais c’est extrêmement difficile. Le Giec est un exemple de ce que pourrait être une recomposition des relations entre science et politique qui, à la fois, donne de l’autorité aux scientifiques tout en la rendant acceptable pour les politiques. Le résumé pour décideurs doit être relu et approuvé par chaque État partie prenante de l’organisation, ce qui empêche que ces mêmes pays hurlent ensuite et accusent les Chinois ou les Américains de leur imposer quelque chose dont ils ne veulent pas.

La tentation scientiste renvoie à une autre que vous avez dénoncée dans un article : la tentation autoritaire de l’écologie. Où et comment prend-elle forme selon vous ?

Elle est multiple, me semble-t-il. Il y avait ce qu’André Gorz avait nommé l’écofascisme, et qui n’a rien à voir avec ce que l’on a mis derrière ce mot ensuite. C’était l’idée que les sociétés capitalistes, déjà aux prises avec des problèmes sociaux, ne sauront faire face à l’apparition de problèmes écologiques et glisseront dans la barbarie autoritaire. Il y a un deuxième pôle, technocratique, où l’on continue à ne percevoir la question écologique que comme une question essentiellement technique, à laquelle les gens du commun ne comprennent rien et à qui il faut donc imposer les décisions bonnes pour eux. Ça, ça donne des gens, au sein même des milieux écolos parfois, qui sont absolument fascinés par le régime chinois. Cette tentation autoritaire technocratique fantasme une sorte de « tyrannie bienveillante », capable d’agir en prenant en compte les intérêts à long terme et d’agir vite, à l’inverse du « présentisme économique » que nous connaissons aujourd’hui. Cela me semble tout à fait illusoire.

Certains intellectuels accusent la pensée de Bruno Latour et son « géoconstructivisme » d’ouvrir la porte à la perspective d’une gestion intégrale du « vaisseau--Terre » par l’humanité. Vous-même vous parlez de la figure du « démiurge », que vous distinguez de celle du « pilote »… 

Le démiurge est celui qui donne forme à la matière, qui fabrique, tandis que le pilote est simplement à la tête de son bateau, il ne fabrique rien, et est obligé de tenir compte des courants, des vents, etc. La géo-ingénierie, par exemple, est une idée fondamentalement démiurgique, même si l’on dit qu’on va seulement « manipuler » le climat et non en fabriquer un nouveau. En réalité, c’est tout comme, puisque ses tenants ne prennent pas vraiment en compte les conséquences involontaires de ces actions... Alors même qu’il y a des moyens d’influer sur le climat ou les émissions de gaz à effet de serre sans intervention massive au niveau global.

Vous souligniez tout à l’heure que la politique, c’est la conciliation d’intérêts divergents. Or, avec la figure du pilote, il n’y a qu’un seul maître à bord... Cela suppose qu’il y aurait une « humanité » unifiée, et qu’en plus elle prenne en compte les intérêts des non-humains !

Effectivement, le pilote comme seul maître à bord, comme figure d’autorité, est critiquable et critiqué, par la philosophe Isabelle Stengers notamment. Mais je soutiens que l’on peut garder le modèle du pilotage sans cela : regardez l’agriculture, qui est un bon exemple en la matière. Ce qui est certain pour moi, et que j’ai appris dans Montesquieu et dans Kant, avant de m’intéresser à l’écologie, c’est qu’une gouvernance mondiale ne pourra être que dictatoriale, car plus on monte en généralité, plus on perd en démocratie. C’est quasiment une loi. Je convoquerais ici Bruno Latour qui, dans ses deux derniers essais, Où atterrir ? et Où suis-je ?, montre bien qu’il ne faut pas opposer global et local, mais « localiser le global », c’est-à-dire repartir de là où on est pour reconstruire des réseaux et des luttes.

L’écosocialisme ou l’écologie sociale avaient plutôt dominé les débats au sein de l’écologie politique française jusqu’ici, mais depuis quelques années on voit émerger fortement d’autres courants : effondrisme, écofeminisme, éthique de la Terre... Il est intriguant que ces courants soient historiquement plutôt américains. Assiste-t-on à une américanisation de l’écologie politique ?

Je ne pense pas. Déjà, cela relève plutôt d’échanges intellectuels que d’une américanisation. Et puis dans les exemples que vous avez donnés, rien ne nous est venu directement des États-Unis. Concernant l’écoféminisme, par exemple, le mot est inventé au début des années 1970 par Françoise d’Eaubonne, importé aux États-Unis quelques années après, puis il disparaît entre-temps en France, et va perdre beaucoup d’influence aux États-Unis à la fin des années 1990... avant de finalement revenir en France via les manifestations pour le climat dans les années 2010, et les luttes écologiques menées par des femmes en Amérique du Sud. Les raisons de cette réémergence me paraissent plutôt conjoncturelles. Quant à l’effondrisme ou la collapsologie, effectivement des personnes comme Yves Cochet ou Pablo Servigne se donnent deux références américaines : Joseph Tainter, anthropologue et historien, auteur de L’Effondrement des sociétés complexes, et Jared Diamond, auteur d’Effondrement. Mais au-delà de ça, la collapsologie reste un phénomène franco-français. Et je pense que l’une des raisons est qu’en France, pour le meilleur et pour le pire, on peut écrire des livres reconnus comme ayant des références scientifiques sans passer d’abord par la case publications scientifiques ou par la communauté des pairs.

Vous vous montrez d’ailleurs très hostile envers la collapsologie. Vous parlez d’« imposture », dans Le pire n’est pas certain.

On m’a reproché encore récemment à une conférence près de Saillans, dans la Drôme, en terres collapso, de semer la zizanie. J’ai plutôt pour habitude de faire taire les différences et désaccords pour faire front commun. Mais si j’ai écrit ce livre, c’est que, pour la première fois, j’ai l’impression que l’on est en train de sortir complètement du champ de l’écologie. Je pense que la collapsologie instrumentalise la peur en la dépolitisant. Les collapsologues sont complètement prisonniers d’une vision du global et d’une incantation de chiffres.


Biographie

Catherine Larrère est philosophe et professeure de philosophie émérite de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est l’autrice de nombreux travaux sur la protection de la nature, la prévention des risques, ou encore la place du droit dans la crise écologique. Elle a notamment publié, avec son mari, Raphaël Larrère, Penser et agir avec la nature. Une enquête philosophique (La Découverte, 2015) et Le pire n’est pas certain. Essai sur l’aveuglement catastrophique (Premier Parallèle, 2020). Elle a participé activement à l’essor de l’éthique environnementale en France en introduisant notamment les travaux de John Baird Callicott.

Soutenez Socialter

Socialter est un média indépendant et engagé qui dépend de ses lecteurs pour continuer à informer, analyser, interroger et à se pencher sur les idées nouvelles qui peinent à émerger dans le débat public. Pour nous soutenir et découvrir nos prochaines publications, n'hésitez pas à vous abonner !

S'abonnerFaire un don