Approvisionner les zones de conflits
Et si l’objet destiné à transporter de la nourriture devenait lui-même comestible? C’est à partir de cette réflexion que Nigel Gifford a imaginé le premier drone du genre. Ses ailes, son train d’atterrissage et son réservoir pourraient être construit en matériaux comestibles. Le reste de sa carcasse pourrait servir d’abris ou de combustibles. Le Pouncer, qui a effectué ses premiers test au mois d’avril au Royaume-Uni, est un outil étonnant dans la gestion des populations en situation de crise: le gain de poids et de place permis par des composants comestibles en fait un drone économique à faible empreinte carbone. Pourtant, son inventeur peine encore à trouver les financements nécessaires.
Peut-être parce que leur utilisation dans des zones de conflits soulèvent de nombreux refus de la part des populations locales qui associent encore souvent les drones à l’annonce d’un bombardement imminent ou au repérage des persona non grata.
Sauver des vies en péril
Au Malawi ou au Rwanda, les drones se sont rapidement vu attribuer le rôle de livreurs nouvelle génération. Pour pallier le manque de routes praticables et atteindre des zones difficilement accessibles, des organismes humanitaires perçoivent les drones comme le futur allié des hôpitaux et des traitements médicaux. L’UNICEF au Malawi a choisi de s’en équiper pour transporter des tests sanguins directement des populations jusqu’aux hôpitaux, souvent trop éloignés des villages. Une aubaine pour permettre aux habitants de communes isolées de recevoir des soins, des vaccins et même de transmettre des analyses plus rapidement aux centres compétents. Au Rwanda aussi, une première base de drones a vu le jour pour alimenter plus rapidement les 21 cliniques situées dans les alentours. Surnommé ZipLine, le projet espère pouvoir faire parvenir des échantillons de sang —difficilement conservable hors des centres de soins— pour les malades de la région. Cependant, certains restent sceptiques sur cette utilisation par peur d’un mauvaise atterrissage ou d’une interception malhonnête des denrées.
Des ingénieurs ont également développés des drones aquatiques, capable de secourir des naufragés. C'est le cas du drone Helper, fabriqué dans les Landes, qui permet la dépose d'une bouée gonflable à proximité de personne en détresse. Cette technologie pourra assister, dès cet été, les services de secourisme sur les plages et porter secours aux naufragés de pleine mer.
Mise au point par un étudiant en ingénieurie de seulement 23 ans, un drone ambulancier a également vu le jour pour permettre une prise en charge accélérée des personnes victimes d'accidents cardiaques. La force du projet repose dans la vitesse du drone, capable d'atteindre les 100km/h et de transporter un défibrilateur sans risques. De plus, la présence d'un professionnel de santé est assurée grâce à une caméra embarquée, permettant ainsi au citoyen secouriste de réaliser les bons gestes. Bien que des défibrilateurs soient de plus en plus présents dans nos villes —dans les métros, les restaurants ou les magasins— la rapidité de ce drone permettrait le sauvetage de nombreuses vies.
S'infiltrer dans les endroits à risques
Les tremblements de terre ou les incendies font de ces endroits sinistrés des zones souvent difficiles d’accès et très dangereuses. Pour contrer des situations parfois inextricables où personnes piégées et secouristes risquent leur vie, des ingénieurs et chercheurs ont pensé à la création d'un drone capable de pénétrer dans des espaces en feu ou remplis de décombres. Gimball, petite boule de carbone prévue pour résister aux chocs et aux températures extrêmes en fait un allié parfait pour les forces de secours et permet ainsi le repérage de personnes dans le besoin. Pour aller plus loin, Finder Drone est équipé d’un système qui repère les êtres vivants grâce à leur rythme ou leur fréquence cardiaque. Les deux modèles pourraient à l’avenir assister les équipes de recherche en cas de tremblement de terre, d’avalanches ou d’effondrements d’immeubles. Mais ce modèle est encore en phase d'industrialisation.
Prévoir des catastrophes climatiques
Les scientifiques du monde entier l’ont bien compris : pour prévenir les accidents climatiques, il faut une connaissance parfaite des écosystèmes à protéger. Pourtant, cartographier un territoire, une île ou une forêt nécessite des moyens très onéreux qui varient selon les conditions climatiques. Les drones peuvent être une aide parfaite pour un survol rapide et une cartographie détaillée de lieux difficiles d’accès. Les Maldives s’en servent pour cartographier l’ensemble du récif et des îles de l’Archipel. Ainsi, les scientifiques peuvent prévoir les prochaines inondations, identifier les zones facilement submersibles et prendre des mesures en conséquence. Une autre utilisation de drone cartographe est encourageante : une technologie a été mise au points par l’équipe de Mine Kafon Drone pour cartographier les territoires où des mines y sont encore dissimulées. L’utilisation de cette technologie sauverait des dizaines de civils chaque jour à travers le monde.
Protéger de la faune et de la flore
Les multiples usages des drones -prise de vue, stockage de données, autonomie- en font des partenaires idéaux pour l’observation d’animaux et le comptage des individus d’espèces en voie de disparition. Pratique et souvent discret, l’utilisation de drones par les associations protectrices de l’environnement est de plus en plus courante car ils permettent l’approche d’animaux sauvages sans perturbations humaines. Ce sont aussi des atouts non négligeables pour lutter contre le braconnage. En effet, un projet pilote a déjà prouvé que la présence de drones décourage les braconniers dans plus de 90% des cas. Cependant, des experts attirent l’attention sur les risques de perturbation qu’entraînent une présence régulière de ces engins : les animaux, d’abord perturbés, pourraient finalement s’habituer à leur présence et bouleverser leur écosystème.
L’utilisation des drones dans le domaine de l’humanitaire prête encore à de nombreux débats dont celui de la protection et le respect du droit à la vie privée, très souvent remis en cause, notamment avec la prise de vues sans restrictions internationales communes.
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