1/ L’ARGUMENT « POINT GODWIN » : L’ÉCOLOGIE EST UN TOTALITARISME
Alors que la France suffoquait sous 45 °C, Valeurs actuelles barrait sa Une, début juillet, du titre « Les charlatans de l’écologie. Enquête sur le totalitarisme vert ». Ainsi, après Mussolini, Hitler et Staline, il y aurait bientôt… l’activiste Greta Thunberg, dont le portrait illustrait la couverture ! On le sait, l’argument « point Godwin » (1) est l’un des plus puissants pour disqualifier un adversaire. Concernant l’écologie, il est aussi l’un des plus vieux. Dès 1992, l’essayiste Luc Ferry en faisait l’un des thèmes centraux de son livre Le Nouvel Ordre écologique (Grasset). L’accusation repose sur l’idée que l’écologie porterait en germe un projet de société totalitaire. La meilleure preuve, constamment ressassée par ceux qui soutiennent cette thèse : les nazis ont été précurseurs en matière de protection de la nature. D’ailleurs, Hitler n’était-il pas végétarien ? Le courant de l’« écologie profonde » est particulièrement visé par l’amalgame – au mépris de la résistance au nazisme de son théoricien, le Norvégien Arne Næss (1912-2009).
Précisons-le : cet argument est fallacieux. La sensibilité écologique du nazisme est réelle mais a coexisté avec des tendances aux antipodes, comme la centralité de l’industrie, et n’est en rien une avant-garde. Comme le résume le philosophe Serge Audier, « les généalogies...