À cheval sur la Saxe (Allemagne) et la Bohême (République tchèque), les monts Métallifères font aujourd’hui le bonheur des férus de sports d’hiver et de randonnée. Une destination touristique à mille lieues de ce qui a fait la renommée de cette chaîne de montagnes. Du Moyen Âge au siècle dernier, les mineurs y ont sorti de terre des tonnes de cuivre, d’étain, d’uranium, d’argent. Ils en extrayaient aussi un autre minerai, dont ils se méfiaient particulièrement : celui contenant du cobalt. Une crainte justifiée : les vapeurs d’arsenic qu’il dégageait durant son grillage 1 étaient à l’origine d’empoisonnements.
Article issu de notre numéro 57 « Manger les riches ? », en kiosque et sur notre boutique.
Le mot même de cobalt, dérivé de l’allemand kobold, témoigne de cette ambivalence envers ce métal à la fois source de richesses et cause de malheurs. En 1753, le baron d’Holbach, dans le tome III de L’Encyclopédie, s’en faisait ainsi l’écho : « Les mineurs allemands donnent aussi le nom de cobalt à un être qui n’existe que dans leur imagination ; ils veulent désigner par là un phantôme ou demon soûterrain à qui ils attribuent la figure d’un petit nain ; ce prétendu gnome lorsqu’il n’est pas de bonne humeur étrangle les mineurs ; mais lorsqu’il est bénévole, il leur fait découvrir les filons les plus riches. »
Deux siècles et demi plus tard, et depuis une trentaine d’années, le...