Sur l’avenue principale de Bucaramanga, capitale de la région du Santander, au nord-est de la Colombie, des milliers de personnes défilent dans un climat chaud et humide ce 18 octobre 2024, en scandant : « Agua, si, oro, no » (de l’eau oui, de l’or non). Déguisements, batucadas et vendeurs ambulants colorent cette foule joyeuse mêlant associations, syndicats, étudiants et citoyens. Tous venus s’opposer à un projet d’extraction d’or porté par la multinationale canadienne Aris-Mining, à l’appel du Comité Santurbán.
Grand reportage issu de notre n°67 « Résistances rurales », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.
Depuis 15 ans, ce collectif, né en 2009 en réaction à un projet de méga-mine à ciel ouvert, se mobilise contre les appétits extractifs des entreprises étrangères attirées par la province de Soto Norte, qui réunit six municipalités au nord-est de Bucaramanga, au cœur du páramo de Santurbán. Les páramos sont « des écosystèmes de haute montagne débutant autour de 3 000 mètres d’altitude et se caractérisant principalement par leur humidité », explique Orlando Vargas Ríos, biologiste à l’Université nationale de Colombie. Propres au Nord de l’Amérique du Sud – Colombie, Venezuela, Équateur et Pérou –, ces biotopes ont un rôle capital : ils captent du carbone, régulent climat et cycle hydrologique, et fournissent en eau environ 70 % de la population...