Littérature d'utopie

Commencer à vivre humainement : Emma Goldman, Cyrano et Victor Hugo

La force vient parfois à manquer. La force de combattre, de résister, de refuser, de bâtir et rebâtir encore et encore. Peut-être défaillons-nous plus aisément lorsque nous avons perdu de vue ce qui vaut la peine de vivre, lorsque ce que l’existence compte de beauté s’est dérobé à notre vue. C’est dans ces moments qu’il faut pouvoir réassurer sa prise. Fort heureusement, la littérature politique et fictionnelle regorge d’images mentales qui viennent à notre secours et nous aident à vivre humainement. Des lucioles surgissant du fond de la nuit à la lune qui se dévoile et l’éclaire, de la chambre où l’on est chez soi à l’archipel où l’on est par les autres, du lierre rusé qui grimpe à l’été qui écrase jusqu’à l’hiver en nous… Petite galerie subjective en neuf images. - 2/3

Les textes sont issus de notre hors-série « Comment nous pourrions vivre » avec Corinne Morel Darleux, rédactrice en chef invitée. Disponible sur notre boutique et en kiosque jusqu'au 10 janvier.


La danse d'Emma Goldman

« Un soir, un garçon, cousin de Sacha, me prit à part. L’air grave comme s’il s’apprêtait à annoncer la mort d’un proche camarade, il me chuchota qu’il ne seyait pas à une agitatrice de danser. Et certainement pas avec un tel abandon irresponsable. » 

Lorsque cette scène a lieu, Emma Goldman (1869-1940) n’est pas encore la « femme la plus dangereuse d’Amérique », selon le surnom que lui donnera John Edgar Hoover, premier directeur du FBI. Elle n’a alors que 20 ans et elle veut danser s’il lui sied. D’ailleurs, on lui prêtera un jour cette phrase : « Si je ne peux pas danser dans votre révolution, je ne veux pas de votre révolution. » Réplique apocryphe, en réalité, inspirée du souvenir qui précède, narré dans son autobiographie Vivre ma vie. Elle poursuit, à sa manière peu compassée : « L’ingérence effrontée de ce garçon me mit en colère. Je lui conseillai de se mêler de ses affaires. J’en avais assez qu’on m’envoie toujours la Cause à la figure. Pour moi, une Cause qui représentait un bel idéal, l’anarchisme, la libération, la délivrance de toutes les conventions et de tous les préjugés, ne devait pas revendiquer le rejet de la vie et de la joie....

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NUMÉRO 66 : OCTOBRE-NOVEMBRE 2024:
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