«Je leur ai demandé : “Ne détruisez pas ma maison, je vis ici !” Ils m’ont répondu : “C’est une zone protégée maintenant, va t’installer ailleurs”. » Puis les gardes du parcs sont venus avec leurs treillis, leurs armes, un tractopelle, et ils ont balayé la masociison dans laquelle vivait Abel Carrasco avec sa femme enceinte et ses enfants, dans le nord du Pérou. Si vous aussi, vous avez rajouté quelques euros sur la facture de votre dernier billet d’avion pour « compenser vos émissions de CO₂ », vous avez peut-être une part de responsabilité dans la destruction de sa maison.
Article issu de notre numéro 61, disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Rappelons un peu le contexte. La scène se déroule dans la forêt luxuriante d’Alto Mayo, dans la province de Moyobamba, qui accueille depuis peu un projet phare de l’entreprise Verra, basée à Washington. Il s’agit du plus grand organisme de certification des crédits carbone : ces crédits sont des unités équivalentes à une tonne de CO₂, décernés à des projets qui permettent d’éviter l’émission de carbone, voire qui parviennent à le séquestrer. Une grande forêt sanctuarisée, comme celle d’Alto Mayo, capture du CO₂ tout au long de l’année : chaque tonne de CO₂ qu’elle absorbe peut être estimée par des organismes certificateurs comme Verra et convertie en crédits carbone. Ces crédits sont ensuite mis à la vente sur deux...