Au cœur de l’écologie politique se noue une tension fondatrice : comment satisfaire les « besoins » des êtres humains sans mettre en danger les équilibres écosystémiques dont dépendent leur survie ? Or, sous régime capitaliste, tous les besoins formulés par les individus sont également légitimes : le marché y pourvoit et en extrait de la valeur… sans égard pour les impacts écologiques (et sociaux) qui en résultent.
Article issu de notre numéro 55 « Bienvenue dans l'ère du rationnement », en kiosque jusqu'en février, et sur notre boutique.
« L’idée que production et consommation puissent être décidées à partir des besoins est politiquement subversive. […] Cela suppose […] une gestion économique dont le but est de satisfaire le plus possible de besoins avec le moins possible de travail, de capital et de ressources physiques. Ce but-là est la négation radicale de la logique capitaliste. » Faire le plus avec le moins, André Gorz résume bien une première dimension de la critique écologique du capitalisme. Qui va de pair avec une seconde : formuler une théorie critique des besoins eux-mêmes. Puisqu’il devient de plus en plus évident qu’on ne peut répondre à tous les désirs des consommateurs modernes sans mettre en péril l’ensemble des écosystèmes terrestres, il faut donc discriminer entre besoins « artificiels » et besoins « authentiques ». Puis, une fois les besoins authentiques pourvus,...