En apparence, la corneille est entièrement noire. Son plumage est un manteau d’encre, son bec a la couleur d’une nuit sans lune. Est-ce cela qui lui vaut une réputation aussi sombre ? De longue date, en Europe, on dit que cet oiseau symbolise la mort et les âmes damnées, qu’il se nourrit de nos cadavres, que son chant métallique est annonciateur de malheurs.
À la campagne, on la chasse. On lui reproche, comme à d’autres corvidés, d’être en surnombre et de manger les graines semées dans les champs. Certes, mais des alternatives pourraient être envisagées, comme des semis sous couvert ou comme l’utilisation de semences avec des enrobages au goût qui leur déplaît(1).
Article de notre n°68 « Le grand complot écolo », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.

En ville, où elles se sont adaptées depuis les années 1970, nous les blâmons surtout en raison des poubelles déchirées et éparpillées – mais peut-on vraiment leur en vouloir au vu du gaspillage commis par nos congénères ? – et les tenons pour responsables de l’effondrement des populations de certains petits oiseaux des jardins dont ils mangeraient les oisillons. Même si, en vérité, les corneilles se nourrissent surtout de végétaux ou d’insectes et peu de charognes et de jeunes oiseaux.
Pour toutes ces raisons, la corneille relève d’un statut d’« espèce susceptible d’occasionner des dégâts » (Esod, nouveau terme pour...