Si le livre n’était qu’un camembert statistique, on le diviserait en tranches comme suit : un gros tiers pour le libraire, moins d’un quart pour l’éditeur, à peine un cinquième pour le fabricant et plus ou moins 10 % pour le diffuseur, le distributeur et l’auteur·ice. En ce domaine, pas de culbute possible, chacun se paye au lance-pierre avec des marges minimes et, en bout de chaîne, celui qui produit la valeur ajoutée, le supplément d’âme, bref le contenu du bouquin, touche moins de 2 euros pour un grand format à 20 euros, et encore moins en cas de passage en poche (entre 5 et 7 % du volume à moins de 10 euros, faites le calcul). Bref, ce n’est pas très profitable comme secteur. Petits éditeurs indépendants et grands groupes (possédant leur propre diffusion et distribution) surfent d’une année sur l’autre entre petits profits (rarement plus de 5 %), tout juste équilibre et légère baisse. D’où le manque d’appétit des acheteurs spéculatifs, des holdings industrielles ou de service pour un gâteau si restreint.
Article à retrouver dans notre hors-série « Manuel d'autodéfense intellectuelle » avec François Bégaudeau, en kiosque, librairie et sur notre boutique !
Pour rappel, ce secteur était encore dirigé, il y a cinquante ans, par des dynasties de libraires-revuistes-imprimeurs datant de plus d’un siècle : Hachette, Flammarion, Grasset, Fasquelle, Gallimard, Albin Michel, etc. – et par quelques nouveaux...