Depuis plus d’un demi-siècle, la possibilité de concilier croissance économique et soutenabilité écologique se trouve régulièrement contestée – que l’on pense par exemple aux travaux de Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) ou au célèbre rapport « Les Limites à la croissance » (1972). Face à la dégradation continue de l’environnement et aux difficultés grandissantes à glisser le problème sous le tapis, les concepts se succèdent dans la littérature institutionnelle : après le « développement durable », la « croissance verte2 » est ainsi devenue en l’espace de quelques années un élément de langage incontournable dans le discours de l’establishment.
Article à retrouver dans notre hors-série « Décroissance : Réinventer l'abondance », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
La validité de cette proposition, qui conserve le principe de la croissance économique comme objectif sociétal, repose sur l’hypothèse d’un « découplage » suffisamment marqué entre croissance des activités économiques (mesurée conventionnellement par le PIB) et pressions environnementales3. Alors qu’aucun fondement empirique n’accrédite jusqu’à présent l’hypothèse d’un tel découplage4, il convient de s’interroger sur la plausibilité de celle-ci à l’avenir.
Si l’on se réfère au discours de leurs partisans, la croissance verte et le découplage reposent essentiellement sur l’innovation...