« Les files d’attente devraient être classées patrimoine national à Cuba. » Sous la pointe de sarcasme de Julio, Havanais de 32 ans, une réalité plus pesante transparaît, partagée par des millions de Cubains et Cubaines. « Les queues durent des heures, parfois des jours. Il y a tellement de monde que certains marquent leur tour et reviennent le lendemain pour faire leurs achats. » Dans la plupart des commerces, pain, lait, œufs, viande de porc, poulet, huile, yaourts, sucre et autres sont rationnés en raison des pénuries auxquelles le pays fait face.
Article à retrouver dans notre numéro « Bienvenue dans l'ère du rationnement », disponible en kiosque et sur notre boutique.
Des carences chroniques parfois attribuées « au blocus mis en place par les États-Unis », parfois « au communisme », comme l’explique le journaliste Ed Augustin, en poste à La Havane. Selon lui, le rôle du blocus est indéniable « dans un pays qui importe 80 % de ce qu’il consomme ». Une analyse partagée par le docteur en anthropologie sociale Adrian Fundora. « Dans l’ordre conjoncturel, la Révolution a affronté dès ses deux premières années au pouvoir une série de difficultés économiques, aggravées par la politique agressive des États-Unis adoptée pour déstabiliser politiquement le pays. Les mesures qui ont eu les plus grandes répercussions sur l’approvisionnement furent l’interdiction des exportations vers Cuba de pièces de...