« Qui nierait que dans toute bonne chose réside aussi du poison ? [...] Seule la dose fait qu’une chose n’est pas poison. » Né en 1493, Paracelse formule ici une analyse devenue évidente avec le temps. En découvrant que le mercure soignait la syphilis mais tuait à trop forte dose, le médecin suisse prouvait que le poison est souvent moins une question de substance que de quantité. Depuis, qu’il s’agisse de médicaments ou d’aliments, les études et les expériences ont confirmé son verdict. Ce que Paracelse était sûrement loin d’imaginer, c’est qu’il en est de même avec les émotions. Et plus particulièrement avec la culpabilité. « Le paracétamol soulage la douleur, puis il devient dangereusement toxique si la prise est exagérée. Les ressentis émotionnels, c’est la même chose : bénéfiques à petite dose, contre-productifs à haute dose », explique Aurélien Graton, maître de conférences au Laboratoire interuniversitaire de psychologie de Chambéry, qui étudie les processus cognitifs induits par les émotions et leurs conséquences sur le comportement.
Notion assimilée dès l’âge de 3 ans, la culpabilité joue un rôle social essentiel. Comment ? En réclamant un acte de réparation dès lors qu’une attitude jugée individuellement comme une faute est commise. « Lorsqu’il y a transgression de la norme morale combinée avec la sensation de faire du mal à autrui, il y a généralement une tendance...