Le 20 novembre 2019, une trentaine de femmes fait irruption au milieu d’une rue passante de Valparaiso au Chili. Sur une musique techno épurée, les yeux couverts d’un ruban noir, elles scandent : « Y la culpa no era mía, ni donde estaba ni como vestía. El violador eras tú » (« La coupable, ce n’était pas moi, ni mes fringues, ni l’endroit. Le violeur c’était toi »).D’un doigt pointé, accusateur, elles mettent en cause les policiers, l’État, les juges.
Article issu de notre numéro 58 « L'empire logistique », en kiosque, librairie et sur notre boutique.
La performance « Un violador en tu camino » (« Un violeur sur ton chemin ») est née, et lorsqu’elle est reproduite cinq jours plus tard à Santiago, plus d’une centaine de femmes chante et danse en chœur alors que le Chili est secoué par une vaste contestation populaire. Martelé par le collectif LasTesis qui se soulève contre les violences de genre et l’impunité des agresseurs, ce chant va faire le tour du monde en quelques semaines. Tokyo, Tunis, New Delhi… Dans près de quarante pays, des femmes se bandent les yeux et rejouent la chorégraphie en faisant leurs les paroles des Chiliennes. Jusqu’en France.
Inspirées par LasTesis, les Rosies font danser les manifestantes et manifestants contre la réforme des retraites depuis plus de trois ans. Membres du groupe action d’Attac, elles enfilent bleu de travail, gants en latex jaunes, foulard rouge en...