À la sortie du rapido, le bateau-taxi collectif qui sillonne l’Amazone, impossible d’ignorer la statue de dauphin rose qui trône sur la minuscule jetée. Ici, à Puerto Nariño, à l’extrémité sud de la Colombie, on le surnomme bufeo. Au Brésil, il est appelé boto et, au Pérou, tonina. Sur la jetée, il côtoie d’autres espèces endémiques du bassin amazonien – dauphins gris tucuxi d’Amazonie ou lamantins. En se baladant entre les habitations colorées de la coquette petite ville entièrement piétonne, le visiteur ne peut manquer les dessins de dauphins rose vif peints par l’artiste Marcos Rap, sur les murs des bâtiments publics. Et à quelques dizaines de mètres du littoral, une sculpture le représente avec un sombrero sur la tête, enroulé dans un serpent, doté de jambes et d’une improbable verge horizontale.
Article issu de notre numéro 59 « Sabotage : on se soulève et on casse ? », en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Un lot de consolation pour les touristes, tant il est difficile d’apercevoir, même fugacement, ces étonnants animaux nimbés de mystère. S’il n’est pas le seul dauphin d’eau douce – le Gange ou le Mékong en abritent aussi – il est le plus grand : jusqu’à trois mètres de long. De fait, le dauphin rose est principalement gris. La couleur rosée qui lui donne son nom apparaît sur sa partie inférieure avec l’âge. Menacés en Colombie, au Brésil, au Pérou, en Bolivie et en Équateur...