«En tant que militant, tu passes ton temps à alerter les gens sur le changement climatique. Mais il y a un décalage entre le discours et le fait de le réaliser au niveau sensible, de le vivre. De te dire, mais merde, ça fait mal au cœur de voir tout ce bois qui est rôti. » David Berrué vient de commander une bière fraîche et de s’attabler à la terrasse d’un petit restaurant surplombant la vallée de la Têt, le long de la nationale qui monte vers les hauts plateaux de la Cerdagne et de la frontière espagnole. Histoire de se remettre.
Article issu de notre numéro 65 « Fric fossile ». En librairie et sur notre boutique.
La matinée a été consacrée à sillonner les contreforts du massif du Canigou, un peu plus bas vers la plaine et la mer, pour constater les dégâts : partout, le retour de la verdure dans le paysage a rendu visibles, par contraste, des tâches de végétation roussie, en particulier des arbres, qui donnent à ce paysage souffreteux, craquelant de sécheresse, un air automnal. Sauf que nous sommes à la fin du printemps.
Paysages en recomposition
C’est peu dire qu’il y a quelque chose d’éprouvant à compter les balafres du paysage. D’autant qu’en ce paisible lundi matin ensoleillé, il faut déjà encaisser la gueule de bois – politique – du week-end. Quand on a retrouvé David à la gare d’Ille-sur-Têt, il semblait bien agité, intranquille derrière ses lunettes de sport noires. Comme dans tout le pays, au...