Les biodéchets représentent 30 % de nos poubelles et ce chiffre monte à 50 % pour les professionnels de la restauration. Plutôt que d’être valorisés, les déchets organiques sont donc gaspillés. Un problème qu’a pris en main Coline Billon en fondant La Tricyclerie à Nantes en 2015.
Chaque mois, les salariés et les bénévoles de l’association collectent entre 2 et 3 tonnes d’épluchures. Ces déchets organiques sont récupérés deux fois par semaine auprès des membres du réseau regroupant une trentaine de restaurants, une dizaine d’entreprises, deux épiceries et une jardinerie. Pour n’avoir aucun impact sur l’environnement, c’est en vélo-remorque que la collecte s’organise, pour donner “le dernier coup de pédale de l’assiette à la terre”. Ces biodéchets sont ensuite mis en compost et se transforment en fertilisant pour les sols dont bénéficient une vingtaine de jardins partagés et des maraîchers. Il y a un mois, ils ont obtenu l’autorisation de commercialiser ce compost — autorisation dépendant des normes européennes*.
De Nantes à l’ONU
La Tricyclerie a été récompensée en 2017 par le prix Terre de Femme 2017 (Fondation Yves Rocher) et finaliste du concours “Young champions of the earth” organisé par l’ONU la même année. Ce concours récompense des porteurs de projets de 18 à 30 ans, oeuvrant pour la protection de l’environnement. Depuis, la Tricyclerie a gagné en crédibilité au niveau local mais aussi national voire international.
Malgré cette reconnaissance, Coline tient à “pousser un coup de gueule” : “nous sommes considérés comme indispensable sur le territoire et pourtant, nous n’avons pas l’appui de la métropole nantaise, même si on participe à la gestion des déchets de la ville”.
La Tricyclerie s’exporte
Nantes n’est pas la seule ville à convaincre. L’équipe réalise un travail d’accompagnement sur d’autres territoires comme à Saint Leu, sur l’île de la Réunion. Car si 40 % de l’île est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, la gestion des déchets sur ce territoire reste un problème d’ampleur considérable. À l’heure actuelle, les deux sites d’enfouissements sont arrivés à saturation.
La “Tricyclerie Peï” représente donc une solution alternative et complémentaire aux systèmes de traitement des déchets qui devraient voir le jour sur l’île. Lancé par des habitants, il s’agit actuellement du “projet le plus abouti” comme l’atteste Coline : “ils ont lancé une campagne de financement participatif jusqu’au 8 juin. Ces dons leur pemettront d’acheter du matériel”.
La métropole est également conquise par la démarche. De nouvelles villes comme Strasbourg, Rennes, Laval ou Lyon devraient également inaugurer leur Tricyclerie d’ici peu…
*Norme NFU 44051 délivrée par l’AFNOR
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