[ARCHIVE] Article extrait de notre numéro 40 « Tourisme : année zéro ».
Ces dernières semaines se déverse une pluie de milliards promettant de sauver le secteur aérien du choc consécutif à la pandémie de Covid-19. Le but avoué est de restaurer au plus vite la situation « normale » de 2019, puis de renouer avec la croissance « naturelle » d'un trafic habitué à une expansion immodérée depuis des décennies (1).
Sauf que cette fois (2), c'est promis, ce sera avec comme objectif premier l'environnement (le climat en particulier), notre gouvernement s'y engage. Ainsi, le ministre de l’économie Bruno Le Maire déclarait en avril qu’« Air France [devait] devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement de la planète » et promettait le 9 juin dernier de « parvenir à un avion neutre en carbone en 2035 au lieu de 2050 ». L'ambition est telle, le patient si énergivore, que l'on peut légitimement s'interroger : l’avion propre, ce nouvel oxymore, rejoindra-t-il le panthéon du greenwashing et du pouvoir des lobbies ? Examinons-en les ressorts.
Tout changer pour ne rien changer
Une première idée régulièrement avancée serait d'abord d'interdire les vols domestiques pour les trajets déjà couverts par un train régulier en moins de 2 ou 3 heures. Sauf que ces vols ne représentent qu'une proportion très mineure de l'impact des grandes compagnies (une part minoritaire de leurs court-courriers, eux-mêmes largement...