Vous parlez, Alexandre Monnin, de « redirection écologique », et vous, Cédric Durand, de « bifurcation ». Qu’est-ce que vos approches ont en commun avec la perspective de la décroissance ?
Cédric Durand Avec mon co-auteur Razmig Keucheyan, nous reconnaissons la validité de travaux de recherche, aujourd’hui extrêmement féconds, qui démontrent que l’horizon de la « croissance verte » est une aporie. Il existe des découplages entre croissance et impact environnemental dans telle ou telle dimension, dans tel ou tel territoire, mais il n’y a pas de véritable découplage d’ensemble. On peut imaginer à la rigueur, théoriquement, un découplage temporaire.
Article à retrouver dans notre hors-série « Décroissance : Réinventer l'abondance », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Mais même en déployant le plus efficacement possible certaines technologies, il y a un moment où, de toute façon, il faudrait à nouveau prendre davantage sur la nature. Donc au fond, l’idée de décroissance souligne le fait qu’il est impossible d’avoir une croissance infinie sans impact accru sur la nature. On se l’approprie de deux manières. D’abord pour dire que la planification, qui doit permettre la bifurcation écologique, a pour principal objectif de diminuer l’empreinte matérielle des activités humaines.
On ne parle donc pas de décroissance économique, on parle de décroissance matérielle. Et ce qu’on propose...