« Ne soyez plus éco-anxieux, soyez éco-furieux ! » Fustigeant une construction médiatique psychologisante et dépolitisante « caractéristique du discours néolibéral », le philosophe et économiste Frédéric Lordon n’a pas mâché ses mots sur l’éco-anxiété lors d’une conférence donnée en juin dernier à Lausanne.
Article issu de notre numéro « Êtes-vous éco-anxieux ? », disponible en kiosque en octobre-novembre, en librairies et sur notre boutique.
Ce point de vocabulaire est dans l’air du temps. Dans les discours médiatiques, la panoplie des « éco-émotions » s’est récemment étoffée d’un versant colérique supposément plus mobilisateur. Une idée étayée par certaines études en psychologie, l’une d’elles affirmant d’ailleurs que « l’expérience de l’éco-colère indique une meilleure santé mentale et un engagement plus fort dans l’activisme pro-climat ». Et de fait, on retrouve aujourd’hui cette colère brandie par certains collectifs écologistes, à l’image du mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion (XR), guidé par son mantra « Avec amour et rage ». L’une de ses « rebelles », Margaux*, confie puiser dans cette colère « la volonté de changer les choses de manière radicale, c’est-à-dire en s’attaquant à la racine des problèmes ».
Une colère ne vient jamais seule
Cette posture n’est pas tout à fait neuve : dès les années 1980, les...