« Quand commencerons-nous à nous en prendre physiquement aux choses qui consument cette planète et à les détruire de nos propres mains ? » s’interroge Andreas Malm en 2020 dans un essai de réflexion stratégique à l’adresse du mouvement écolo (Comment saboter un pipeline, La Fabrique). Pour l’écomarxiste suédois, l’échec des marches pour le climat et des blocages de masse d’Extinction Rebellion dans les années 2018-2019 a sonné le glas du pacifisme stratégique. Il est temps selon lui d’opter pour une « diversité de tactiques », incluant des actions de destruction matérielle. En France, depuis 2021, des militants écologistes engagés contre l’artificialisation des sols et l’accaparement de l’eau ont franchi le pas.
Article issu de notre numéro 59 « Sabotage : on se soulève et on casse ? », en kiosque, librairie et sur notre boutique.
De l’ensablement des réservoirs d’engins du site Lafarge de Gennevilliers (juin 2021), au cimentage de l’arrivée d’eau de la centrale à béton BHR près de Nantes (juin 2023), en passant par le débâchage et la destruction des pompes de méga-bassines dans les Deux-Sèvres, les Soulèvements de la Terre ont articulé pendant deux ans rassemblements populaires et dégradations ciblées… Au point de devenir un inquiétant « modèle de synergie entre massification et radicalité », notent les services de renseignement territoriaux en novembre 2022, dans un document rendu public...