Gérald Darmanin a qualifié les militants écolos d’« éco-terroristes ». Des interpellations d’activistes ont aussi eu lieu en juin, notamment dans le cadre de l’enquête sur l’intrusion de la cimenterie Lafarge près de Marseille. Assiste-t-on à un dévoiement de la lutte antiterroriste au profit de la répression des mouvements gênants pour l’État ?
Il y a deux paradigmes nouveaux ; d’abord, en effet, le dévoiement de la lutte antiterroriste contre des militants écologistes dans le cadre d’affaires de droit commun. Le fait que Darmanin parle d’« éco-terroristes »est d’une monstruosité absolue ; aujourd’hui, qui est la plus terrorisée ? La nature ! Une telle dérive était déjà en germe lors des manifestations de la COP 21 et contre la « loi travail » en 2015 et 2016 – à l’époque, des dispositions de l’état d’urgence ont été dévoyées afin d’organiser un maillage des manifestants. Cette criminalisation et cette instrumentalisation des outils antiterroristes permettent en outre de nourrir un discours public de discrédit des militants et de la cause qu’ils portent, qui est la plus universelle et la plus noble qui soit.
Article issu de notre numéro 59 « Sabotage : on se soulève et on casse ? », en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Je ne justifie ni n’encourage, bien sûr, l’escalade vers une radicalité violente, mais je comprends que certains citoyens, dans leur exaspération à...