Marées noires, boues rouges, algues vertes, agent orange et, bien sûr, gris CO2… Le péril multicolore pourrait presque paraître sympathique si aussitôt ne surgissaient pas d’autres images moins chatoyantes de pélicans gorgés de mazout, de rivières silencieuses parce que vides, d’enfants lourdement handicapés par les défoliants militaires et de vagues dunes où plus rien ne pousse. Ces images-là restent. Mais où sont celles des responsables de ces atrocités commises contres les écosystèmes et les vivants qui les peuplent ?
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Pourquoi n’avons-nous aucun souvenir de criminels comparaissant, menottes aux poignets, devant des juges à la mine sévère ? Malheureusement, la législation européenne et internationale relative à l’écocrime est, au mieux, complètement borgne, ainsi que le détaille Grégory Salle dans l’ouvrage Qu’est-ce que le crime environnemental ? (Le Seuil, 2022). Pourquoi ? Déjà parce que, circonscrite aux coupes sauvages et au trafic d’espèces en tous genres, « la criminalité environnementale [serait] l’apanage des acteurs illégitimes, mafias et autres réseaux criminels plus ou moins organisés, conçus comme altérité infâme vis-à-vis des entités et normes légitimes plutôt que comme un produit inéluctable de la société capitaliste », assène le...