Dans son édition du 21 mai 2021, entre une pub pour Body Minute et une recette de maquereaux aux pêches, le magazine Elle annonçait sa volonté de « s’engage[r] pour l’écoféminisme ». Au menu, interviews de voyantes et de « sorcières naturopathes », mais aussi « quête de l’harmonie amoureuse » avec Jean-Yves Espié, « astrologue aux plus de 200 000 abonnés sur YouTube », le tout illustré sur papier glacé par la photo d’une jeune femme en pyjama saumon, tirant les cartes sur le tapis de son salon, dans une pose – ridiculement – glamour.
À 250 kilomètres de la rédaction francilienne de l’hebdomadaire, le collectif écoféministe Les Bombes atomiques (lire l’article p. 44) se livrait, deux ans plus tôt, à une véritable démonstration de force. Aux cris de « Sorcières, vénères, antinucléaires » et de « On est toutes des Bombes atomiques, on va exploser votre société », plus de 400 militantes déguisées et masquées se réunissaient contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse). Après quelques tensions avec les forces de l’ordre, elles se mirent à danser autour d’un feu de joie, allumé à quelques encablures des laboratoires de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Sorcières et « système mâle »
Deux salles, deux ambiances. Outre le fait d’être réunis sous une même bannière, celle de l’écoféminisme, qu’ont...