Puisque le dérèglement climatique affecte tout le monde, nous devrions faire l’union sacrée autour de cette cause, quelle que soit notre origine ou notre classe sociale. Cette petite musique d’une résolution de la crise climatique par une sorte de concorde pragmatique se retrouve dans Mémo sur la nouvelle classe écologique. Comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même(La Découverte, 2022). Dans ce court essai, co-écrit avec Nikolaj Schultz, Bruno Latour faisait en 2022 le pari pour le moins optimiste de la sédimentation naturelle d’une classe verte. Peu après la parution, il décida de soutenir la campagne présidentielle de Yannick Jadot, au grand dam des soutiens de Jean-Luc Mélenchon, défenseurs d’une vision de la transition écologique faisant peser une large part des efforts à fournir sur les principaux pollueurs, c’est-à-dire les plus riches.
Article issu de notre numéro 62 « L'écologie, un truc de bourgeois ? », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Dès le début du livre, Latour le confesse : « Cela fait toujours un peu peur de réutiliser la notion de “classe”. » Phrase que ne renierait pas un dirigeant du Medef… Plus loin, le philosophe semble prendre ses rêves pour la réalité : « La classe écologique est potentiellement majoritaire. » Pour justifier cette assertion, il agrège sans aucune forme de conflictualité celles et ceux qui devraient se...