1 - Vers une sécurité sociale de l’alimentation
Les chiffres ont de quoi donner le tournis. Dans la France contemporaine, neuf millions de Françaises et de Français vivent sous le seuil de pauvreté, plus de dix millions déclarent ne pas manger à leur faim et les files d’attente devant les banques alimentaires s’allongent. L’une des causes est à chercher dans le choc inflationniste qui percute de plein fouet le secteur de l’alimentation. Entre janvier 2022 et août 2023, les prix ont ainsi augmenté de 17,9 %, selon une étude Nielsen pour LSA. En conséquence, le sentiment d’un système à deux vitesses est exacerbé, et l’accès à une alimentation de qualité devient un miroir grossissant des inégalités sociales.
Article issu de notre numéro 62 « L'écologie, un truc de bourgeois ? », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Le rapport Alerte, rédigé par un collectif d’associations de lutte contre l’exclusion, telles que le Secours catholique, Emmaüs ou Action contre la faim, souligne ainsi que les plus pauvres ont accès à des produits de qualité inférieure qui s’abîment plus vite, dans un environnement alimentaire moins diversifié, avec plus de fast-foods et de discounters. Contraints d’opérer des arbitrages, ils doivent trouver des « combines » pour dépenser moins, parfois au détriment de leur santé. Comparativement, les plus riches ont plus facilement accès à une alimentation locale, diversifiée,...