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Écolos mais pas trop… Les classes sociales face à l’enjeu environnemental

Découvrez notre recension de « Écolos mais pas trop… Les classes sociales face à l’enjeu environnemental » de Jean-Baptiste Comby aux Éditions Raisons d’agir.

Alors que les conséquences du dérèglement climatique sont de plus en plus flagrantes, pourquoi l’écologie ne parvient-elle pas à s’imposer comme une force politique capable de transformer la société ? Dans Écolos mais pas trop…Les classes sociales face à l’enjeu environnemental, Jean-Baptiste Comby cherche des réponses du côté des sciences sociales. Après s’être intéressé dans son dernier livre à la dépolitisation médiatique de la question climatique, le sociologue décortique ici le comportement de chaque classe sociale face à l’écologie.

Pour cela, il s’appuie sur des enquêtes de terrain, réalisées entre 2010 et 2018. De façon didactique, il ponctue les quatre chapitres de son livre d’une vingtaine d’entretiens qui donnent corps à ses analyses. En ressort une opposition, déjà bien connue, entre deux conceptions de l’écologie. D’un côté, une vision « réformatrice », majoritaire parmi les classes dominantes, qui entend écologiser les modes de production et de consommation à coup d’écotaxes et de panneaux photovoltaïques. De l’autre, une écologie non capitaliste soucieuse de créer des modes de vie alternatifs capables de respecter les limites planétaires, mais qui reste minoritaire au sein des différentes classes sociales. Si elles se distinguent par leur vision minimaliste et maximaliste du changement, ces deux philosophies de l’écologie « ont en commun de prétendre transformer la société sans impulser de véritable transformation sociale », écrit l’auteur.

Pourquoi ? L’originalité du livre de Comby tient dans cette analyse : si toutes les classes sociales sont sincèrement préoccupées par le désastre environnemental, leur volonté d’agir est limitée par leur manière de s’intégrer et de s’élever dans la société. C’est le cas de la bourgeoisie, dont les codes l’enferment dans des comportements modérés : cette recherche permanente d’équilibre l’empêche de prendre part à des mobilisations plus radicales et la pousse donc à être écolo… mais pas trop. Il en est de même pour les classes populaires qui, alors qu’elles sont les premières à souffrir des pollutions environnementales, n’ont pas les moyens de changer leur mode de vie et de peser sur les politiques publiques. De plus, ces dernières sont « mises à l’amende fiscale et morale » par une classe dominante qui leur impose des mesures écologiques injustes. Dans ce livre, Jean-Baptiste Comby invite à réfléchir non pas seulement en termes de rapport de force dominant/dominé, mais en « fraction de classe ».

Il met ainsi en lumière la façon dont l’écologie réformatrice divise les classes populaires, en permettant à une partie de ces dernières de se distinguer, tout en stigmatisant sa frange la plus précaire. Pour le sociologue, la clé est de transformer nos valeurs et nos socialisations depuis trop longtemps dictées par une logique capitaliste. « Tant que les relations sociales seront subordonnées aux logiques de concurrence, de performance, d’excellence, de compétitivité, de rapidité, de rentabilité ou de productivité, la voie réformatrice sera impuissante à réduire les nuisances environnementales quand la voie non capitaliste restera condamnée à une forme de marginalité », déplore-t-il. Repenser notre école, nos critères d’ascension sociale et notre perception de ce qu’est une vie réussie : voilà l’urgence pour atteindre une société écologique. 

Écolos mais pas trop… Les classes sociales face à l’enjeu environnemental  Jean-Baptiste Comby Raisons d’agir → 19 avril 2024 - 192 pages - 14 €

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