En ce 1er Mai à Lille, le traditionnel cortège qui célèbre la journée internationale des travailleurs s’élance, comme chaque année, de la porte des Postes pour rallier la place de la République. Slogans anti-Macron, effluves de barbecue, pancartes bariolées et chasubles syndicales forment la toile de fond de ce rendez-vous inoxydable : celle de la manifestation, où se mêlent joie et hargne, allégresse et revendications. Dans cette scénographie familière, un homme fait tache. Affublé d’une soutane noire, il harangue la foule qui défile.
Article à retrouver dans notre dossier « La joie malgré les défaites », en kiosques en juin-juillet et sur notre boutique en ligne !
Soudain, une jeune femme tombe en adoration à ses pieds, comme touchée par la grâce. Le prélat au col romain et au bandana Nike savoure cet instant en la toisant, puis lui ordonne de baiser ses chaussures dorées. La fille agenouillée s’exécute sur-le-champ, puis le pontife, sur un air autoritaire, reprend son sermon : « Prenez exemple, rampez devant le grand capital ! » Les dents autour du prédicateur scintillent et le cercle de paroissiens s’agrandit. « C’est bien, vous êtes 36 », lance-t-il, goguenard, à l’adresse des syndicalistes qui défilent devant lui sans s’arrêter. Il poursuit : « Résignez-vous ! Mon poulain Emmanuel Macron a gagné, rentrez chez vous ! »
Mi-amusés, mi-étonnés, les manifestants saisissent les tracts que le...