4 août 2020, Beyrouth. Une déflagration gigantesque secoue le port, suivie d’une deuxième, plus ravageuse encore. Oubliées dans un hangar, des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium viennent d’exploser. Cette substance chimique, issue de l’azote de synthèse, peut servir à fabriquer des engrais… ou des explosifs.
Article issu de notre numéro 62 « L'écologie, un truc de bourgeois ? », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Indispensable à l’agriculture moderne, l’azote de synthèse n’a pas seulement touché Beyrouth au cœur. En 2022, tout ce que la planète compte d’agriculteurs intensifs s’est fait un sang d’encre à l’idée d’une pénurie d’engrais azotés, véritables dopants pour les rendements. En parallèle, les défenseurs du climat, de l’eau ou de la qualité de l’air s’inquiètent des impacts de ces produits sur l’environnement lorsqu’ils prennent la forme de protoxyde d’azote, de nitrates ou de particules fines. Symbole du productivisme agricole effréné, l’azote de synthèse va-t-il être contraint d’entrer dans une ère de raison ?
Histoire du monde moderne
Inspirez un grand coup. Vous venez d’ingérer 78 % d’azote, une substance aussi cruciale à la vie que l’oxygène ou le carbone. Il est en effet constitutif des acides aminés et des protéines ; chez les végétaux, il est indispensable à la croissance. Problème : nos organismes et la plupart des plantes ne savent pas...