Tout au long du parcours tortueux qui serpente des montagnes de la ville de Gafsa à celle de Redeyef, jusqu'à la frontière avec l’Algérie, des monticules de terre noire bordent la route, contrastant avec le paysage jaunâtre qui occupe l’arrière-plan. Tombée des gros camions qui descendent les virages à grande vitesse pour l’amener des mines vers les raffineries, cette poudre sombre façonne l’histoire de cette vallée située à plus de 400 kilomètres au sud de Tunis. Depuis le jour, à la fin du XIXe siècle, où un géologue militaire français, en mission en Algérie et en Tunisie, a découvert son existence entre ces sommets frontaliers.
Reporatge issu de notre numéro 64 « Peut-on échapper à l'emprise numérique ? ». En kiosque, librairie et sur notre boutique.
Il s’agit des phosphates, un minerai largement méconnu mais d’importance cruciale en Europe, puisqu’il constitue la base des engrais parmi les plus utilisés en agriculture intensive. Il est exporté de la Tunisie vers la France, l’Italie, l’Espagne ou encore l’Irlande. Alors que les engrais phosphatés font verdir nos champs, de l’autre côté de la Méditerranée, les habitants du bassin minier tunisien, quatrième réserve de phosphates au monde, paient le prix d’un siècle et demi d’exploitation minière, laissant des traces dans le paysage et sur les corps de ceux qui ont grandi autour d'elle.
Chez les Ben Hmida, au cœur de la ville ouvrière de Redeyef, parler de...