La géo-ingénierie est un tabou pour la gauche. Mais peut-être faudrait-il conjuguer cette phrase au passé dans le cas américain. Depuis une poignée d’années, une partie de la gauche alternative entend se la réapproprier dans une perspective progressiste. C’est au jeune magazine de la gauche américaine Jacobin que l’on doit cette poussée, et plus particulièrement à l’un des rédacteurs en chef du trimestriel, Peter Frase. Dès 2017, il appelait à fonder une pensée de gauche sur la géo-ingénierie, déplorant que « la rhétorique de la gauche reste largement axée sur la réduction des émissions, plutôt que sur l’atténuation ou l’adaptation aux effets du changement climatique ». Penser la géo-ingénierie plutôt que la rejeter serait donc un devoir.
Article issu de notre dossier « Géo-ingénierie, c'est parti ? », disponible en kiosque jusqu'au 10 avril et sur notre boutique.
D’abord pour ne pas la laisser au capitalisme, ensuite parce qu’elle peut s’intégrer dans « un portrait plus large de l’écosocialisme » qui « doit englober à la fois la fin des combustibles fossiles et une intervention active sur le climat ». Sans cela, prévient Peter Frase, « nous ne pouvons imaginer pour avenir que, au mieux, une austérité auto-flagellante et, au pire, une mort apocalyptique ». La géo-ingénierie deviendrait ainsi le moyen de « créer un Anthropocène plus rationnel, plus démocratique et plus égalitaire...