Auriez-vous vraiment acheté ce lave-vaisselle si vous saviez qu’il ne durerait que trois ans ? Pour en avoir le cœur net, le CESE (Comité économique et social européen) a réalisé une étude pour mesurer l’impact qu’aurait l’affichage de la durée de vie des produits sur le consommateur. Près de 3000 participants, en France, Belgique, République Tchèque, Espagne et Pays-Bas, se sont livrés à une simulation d’achat en ligne avant de répondre à un questionnaire.
Publiés le 29 mars, les résultats sont parlants : les produits durables verraient leurs ventes accroître en moyenne de 56%. “L’affichage d’informations sur la durée de vie des produits influence de manière notable les intentions d’achat”, en conclut Mathieu Hajnich, PDG de Sircome et responsable de l’étude.
Et parmi leurs voisins européens, les Français sont les plus sensibles à ces informations : si l’on s’en tient à leurs réponses, les chiffres de vente des produits labellisés augmenteraient de 118%.
Cette tendance se confirme sur une grande variété de produits (appareils électroménagers, hautes technologies et vêtements), notamment les valises : utilisées de façon épisodique et seulement en situation de déplacement, les acheteurs attendent d’elles une certaine robustesse. Celles étiquetées “durable” témoignent ainsi d’une hausse de 128% de vente. Idem pour les imprimantes, objet technologique plus “expert” mais présent dans la plupart des foyers : l’étude atteste d’une progression de 70% des ventes pour celles affichant une durée de vie plus longue.
Nuance pour les smartphones : leur étiquetage aurait un moindre impact sur les consommateurs (seulement 41% de vente en plus pour ceux qualifiés de durables). Un chiffre qui s’explique par les évolutions rapides dans ce domaine : la durée de vie de ces technologies dépend surtout de leur capacité ou non à s’adapter à des contenus en perpétuel renouvellement, plutôt qu’à des problèmes de dysfonctionnement.
En finir avec la société du gaspillage
“Ce que montre de manière indiscutable cette première étude européenne, c'est que le problème de l'obsolescence programmée ne résulte pas tant d'une programmation calculée de l'obsolescence”, souligne Thierry Libaert, rapporteur du CESE, “mais plutôt d'un manque d'information du consommateur sur la durée de vie des produits.”
Les 4 types d’affichage testés auprès des consommateurs
L’étude révèle que les consommateurs européens sont prêts à payer plus cher pour un produit plus résistant. Dans les 5 pays concernés, près de 90% des sondés accepteraient de débourser 100 euros supplémentaires pour un lave-vaisselle qui durerait 2 ans de plus.
Ces découvertes devraient ouvrir de nouvelles opportunités pour les entreprises. La mise en place d’une “prime à la durabilité programmée”, par exemple, pourrait leur conférer un avantage concurrentiel, et à terme, permettre de passer d’une société du gaspillage à une société durable.
Les conclusions de l’étude rejoignent la position du CESE, première institution européenne à s’être élevée clairement contre la pratique d’obsolescence programmée. En 2013, il avait publié un Avis, Pour une consommation durable : la durée de vie des produits de l’industrie et l’information du consommateur au service d’une confiance retrouvée.
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