A compléter

Fabriquer une prothèse de doigt en "DIY"

Un vétéran de la guerre du Golfe met au point une prothèse de doigt avec les moyens du bord (des pièces de vélos recyclées).

Demain, réparerons-nous notre corps nous-même ? Nous n’y sommes pas encore, mais certains se sont déjà lancés dans cette nouvelle forme de “Do It Yourself”.

C’est le cas de Colin MacDuff. Ce vétéran américain de la guerre du Golfe, âgé de 41 ans, a perdu l’essentiel de son majeur droit (deux phalanges) lors d’une partie de chasse en 2010.

Se rendant compte que des tâches ordinaires comme boutonner sa chemise, tenir un verre ou taper sur un clavier d’ordinateur étaient devenues impossibles, cet as du bricolage s’est enfermé dans son atelier et a conçu une prothèse de doigt… à partir de vieilles pièces de vélo.

Aujourd’hui, Colin MacDuff, ancien dessinateur industriel (un diplôme de conception assistée par ordinateur en poche), peut à nouveau boutonner sa chemise sans problème. Et comme il n’a pas voulu garder pour lui sa trouvaille, il l’a faite breveter et a fondé l’entreprise RCM.



Désormais chef d’entreprise, il produit la première prothèse bio-mécanique de doigt (“Bio-mechanical Prosthetic Finger”, BPF), destinée aux personnes amputées.

Ces prothèses, partielles ou complètes, coûtent entre 4 000 et 6 000 euros. A l’origine, Colin MacDuff avait utilisé des pièces de vélo, dont une patte de dérailleur. Aujourd’hui, les prothèses commercialisées sont fabriquées à partir de pièces mécaniques et d’un plastique “médical”. Une sorte d’exosquelette, qui se porte comme un anneau, épouse le doigt dans le prolongement du “membre fantôme”, et permet de fléchir les phalanges artificielles comme s’il s’agissait d’un vrai doigt.

L’impression 3D à la rescousse

Pour produire ses prothèses de façon industrielle, l’inventeur s’est tourné vers l’impression 3D - une technologie déjà utilisée pour fabriquer des bras bioniques, ou des mains robotisées. Il faut à peu près deux mois et demi pour créer un doigt mécanique, mais RMC espère prochainement pouvoir réaliser ces prothèses en quelques semaines.

Les affaires semblent aller bon train : l’entreprise de Colin MacDuff compte désormais 12 salariés, et reçoit chaque mois des milliers de commandes. RMC planche, d’ici à 2014, sur une nouvelle génération de BPF, selon le magazine Fast Company. Les futurs BPF, version 2, devraient imiter fidèlement la peau humaine, et permettre d’utiliser un iPad ou un smartphone tactile de façon quotidienne.

"Jusqu’ici, il n’y avait pas beaucoup de choix en matière de prothèses de doigt", remarque Jon Bengtsson, l’associé de Colin MacDuff. Les doigts en silicone commercialisés étaient "non fonctionnels", bien que très corrects d’un point de vue esthétique.

Colin MacDuff ne prétend pas “rendre leur doigt” aux amputés, mais leur fournir “un outil pour leurs activités quotidiennes”, qui devient à force “une partie de soi”. Grâce à sa prothèse, qu’il porte en permanence, l’inventeur peut faire du vélo, réparer des voitures, couper du bois, jardiner, jouer du piano.

Et Fast Company de noter : “il s’agit même, en quelque sorte, d’une amélioration par rapport à un vrai doigt”. Selon Jon Bengtsson, ce doigt serait ainsi quasiment “incassable”... même après avoir été écrasé par les roues d’une voiture.

 

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