«Je préfère être là que dans ma cellule », souffle Laurène, arrivée la veille à la ferme Emmaüs Baudonne. Les pieds dans ses chaussures de sécurité flambant neuves, elle foule l’herbe de la vaste exploitation agroécologique landaise. Quelques heures plus tôt, cette femme de 36 ans était incarcérée à l’autre bout de la France. Elle s’active désormais dans une serre qui accueillera, très vite, des plants de tomates. Sous une serre voisine, Diana prépare des semis de choux chinois. Méticuleuse, elle dépose de toutes petites graines sur le terreau. Elle aussi vient d’arriver, et ce qui la frappe, c’est « l’air libre, la liberté quoi. On est toujours accompagnées par des bénévoles, mais ce n’est pas pareil, on est en autonomie, indépendantes, la confiance est là. »
Article issu de notre numéro 64 « Peut-on échapper à l'emprise numérique ? ». En kiosque, librairie et sur notre boutique.
Au sein de la ferme, elles sont une dizaine de détenues, affairées au quotidien dans les champs, à la vente des légumes ou en cuisine. Après des années d’incarcération, elles viennent terminer leur sanction pendant une période allant de six mois à deux ans, toujours « écrouées » mais sans barreaux ni barrières. Sur décision d’un juge d’application des peines, elles sont hébergées et s’engagent à travailler tout en disposant d’un accompagnement socioprofessionnel. Un règlement intérieur définit leurs...