Votre trajectoire a été considérablement marquée par le philosophe et poète martiniquais Édouard Glissant (1928-2011), que vous avez côtoyé durant la dernière décennie de sa vie. Comment a eu lieu votre rencontre ?
J’ai rencontré Édouard Glissant par hasard, à l’occasion d’une intervention qu’il a faite auprès d’un groupe de psychanalystes l’ayant invité. Ce jour-là, Glissant a exposé les thèmes de l’un de ses plus puissants ouvrages, Poétique de la Relation (1990), et j’ai immédiatement été saisi. Après cette conférence, j’ai eu envie de le rencontrer.
Entretien à retrouver dans notre hors-série « Comment nous pourrions vivre », sous la rédaction en chef de Corinne Morel Darleux. Disponible sur notre boutique.
Ce qui s’est produit lors d’un colloque sur Gilles Deleuze, qui a eu lieu à New York. Alors que tout le monde s’exprimait en anglais, lui avait fait le choix de parler en français – il enseignait pourtant à la City University of New York (CUNY). Interloqué, je lui en ai demandé la raison ; il m’a alors fait une réponse très « glissantienne », en me disant : « Je parle toujours les langues minoritaires. » Il m’a ensuite accueilli chez lui, à Long Island City, où nous avons réalisé un long entretien pour la revue de philosophie Rue Descartes, que nous relancions avec un numéro inspiré par sa pensée et intitulé L’Étranger dans la mondialité. C’est ainsi qu’a commencé une...