Quel lien l’image entretient-elle avec le pouvoir ?
Avant même de poser la question de l’image, qu’elle soit figée ou mobile, je pense qu’il est important de faire un détour par celle du regard, tout aussi centrale en ce qu’elle donne déjà à voir des dispositifs de contrôle et de domination. Le regard a toujours fait l’objet d’un encadrement, d’une « discipline de la vision ». C’est, par exemple, la phrase du policier qui exerce son autorité en disant « Circulez, y’a rien à voir » ; ou encore cet enfant de 14 ans, Emmett Till, qui en 1955 est torturé et assassiné aux États-Unis pour avoir regardé une femme blanche avec trop d’insistance. Ces éléments illustrent qu’il y a des pôles sociaux de regardeurs et de regardés, qui rendent déjà compte de ce qui se joue derrière les technologies visuelles et audiovisuelles.
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L’image d’enregistrement (la photographie et le film) a par exemple une histoire intimement liée à l’entreprise coloniale : elle sert à recenser, identifier, classer et donc aussi à soumettre. Ces technologies vont également être utilisées dans les institutions médicales ou policières. Un Français, Alphonse Bertillon, va d’ailleurs être particulièrement important dans ce domaine. Il développe la photo anthropométrique à la...